Sujet tabou ou ignoré, le harcèlement sur le lieu du travail comme dans beaucoup de pays, est très répandu en Afrique. La plupart du temps, les victimes ne réalisent pas qu’il s’agit de harcèlement et les harceleurs se croient dans leur bon droit car "ici, les choses se font comme ça" . La première tache est donc d’INFORMER.
Il existe deux types d’harcèlement sexuel:
- les propos ou comportements à connotation sexuelle non désirés et répétés : il peut s’agir de propos et plaisanteries à caractère sexiste , des remarques sur le physique ou la tenue vestimentaire ou encore d’envoi de SMS ou images/vidéos à caractère érotique ou sexuel.
- une pression grave dans le but, réel ou apparent, d’obtenir un acte de nature sexuelle.
L’auteur de harcèlement peut être un supérieur hiérarchique mais aussi un collègue, un client ou un usager du service public.
Le harcèlement sexuel peut avoir des effets dévastateurs non seulement sur l’environnement de travail qui peut devenir très hostile mais aussi sur la santé physique et psychologique de la victime.
Face à son supérieur hiérarchique, il est facile de succomber à une telle pression surtout lorsque l’on sait que la loi, quasi inexistante, n’est pas de notre côté.
Mais justement, que dit la loi ?
Au Bénin, le harcèlement sexuel est un délit et la personne reconnue coupable de harcèlement sexuel est passible d'un emprisonnement d'un à deux ans et d'une amende allant de 100.000 à un million de francs CFA. ll existe également des sanctions pour les personnes qui sont au courant du harcèlement sexuel et ne le signalent pas. (Loi n ° 2006-19 DU 17 juillet 2006 portante Répression du harcèlement sexuel et protection des Victimes en République du Bénin et loi n ° 2011-26 du 09 janvier 2012 Portant prévention et Répression des violences Faites aux-Femmes).
Au Cameroun, la loi ne parle pas directement de harcèlement sexuel mais l’article 302-1 du code pénal stipule que « Est puni d'un emprisonnement de dix jours à six mois et d'une amende de 5.000 à 25.000 francs celui qui, avec ordre ou condition, menace autrui, même implicitement, de violences ou de voies de fait. »
Au Niger, l’article 281.1 du code pénal stipule que « le fait de harceler autrui en usant d’ordres, de menaces ou de contrainte dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle est puni d’un emprisonnement de trois à six mois et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs .Si le harcèlement est le fait d’une personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions, l’emprisonnement sera de trois mois à un an et l’amende de 20.000 à 20.000 francs.
En Cote d’Ivoire, l’article 355 du codé pénal prévoit « un emprisonnement d'un à trois ans et une amende de 360.000 à 1.000.000 de francs » pour quiconque commet un acte d’harcèlement sexuel.
Au Sénégal, l’article 319 bis du code pénal stipule que « Le fait de harceler autrui en usant d'ordres, de gestes ,de menaces, de paroles, d'écrits ou de contraintes dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle, par une personne abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions sera puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 50.000 à 500.000 francs »
Comment agir en cas de harcèlement ?
Le salarié, l’agent public ou le stagiaire qui s’estime victime de harcèlement moral ou sexuel peut saisir les délégués du personnel, l’employeur, l’inspection générale des services ou l’inspection du travail. Cependant, il incombera à la victime de prouver ses dires sous peine de poursuites pour dénonciations calomnieuses.
Les lois et les sanctions existent donc mais elle ne sont pas toujours mises en application ce qui incitent trop de gens à garder le silence face à des cas de harcèlement sexuel.
Vous avez été victime ou témoin d’un harcèlement sexuel dans le milieu professionnel ? Envoyez-nous votre témoignage à contact@studafrik.com. Vos témoignages seront publiés de manière totalement anonyme pour aider d’autres victimes à peut-être briser le silence.
Sources :
- defenseurdesdroits.fr
- votresalaire.org
- Codes pénaux
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